Date : Juillet 2009
Départ : Termas de Rio Hondo
Itinéraire : Tafi del Valle, Cafayate, Salta, Jujuy, Abra Pampa, Cachi, Cafayate, Belen, Chilecito, Barreal, Upsallata
Arrivée : Mendoza
Distance : 3100 km
Nombre de jours : 26
Les photos sur : Flickr
Un vieux rêve enfin réalisé. Rouler dans les Andes.
Après une petite mise en jambe dans la région de Tafi del Valle (un col de 3042 m quand même). J’ai continué plein Nord en direction de la Quebrada de Humahuaca et de la frontière bolivienne avant d’emprunter, en grande partie, la célèbre «Ruta 40» jusqu’à Mendoza.
Résultat des courses : Une semaine à plus de 3000 mètres d’altitude dont un col à 4895 m., la traversée de plusieurs déserts, parfois sur des routes impeccables, parfois sur des pistes défoncées, des vues incroyables sur les sommets enneigés des Andes et, au niveau confort, des nuits sous la tente par -20°C.
Bref, que du plaisir, des souvenirs à la pelle… et quand même un peu de fatigue.
Malheureusement, je ne pourrais pas présenter les photos au jour le jour comme pour les autres voyage car un c… m’a volé un sac qui contenait notamment les cartes SD avec les photos du voyage. J’ai quand même réussi à sauver les photos des 5 derniers jours
JOUR 1
Termas de Rio Hondo
Pour rejoindre Termas de Rio Hondo, le voyage a été assez long : 1h20 de train jusqu’à l’aéroport de Paris suivi de 13 heures de vol pour atteindre Buenos Aires. Après, j’ai encore eu 13 heures d’autocar avant d’atteindre, enfin, Termas de Rio Hondo.
J’ai choisi de partir de cette petite cité thermale pour ses nombreuses possibilités de logements et, surtout, pour sa situation aux pieds des montagnes. Cela me permettra de commencer par un ou deux jours dans la plaine avant de passer au vif du sujet.
J’ai rapidement trouvé un camping ouvert. Désert, mais ouvert. Je rappelle qu’ici, en juillet c’est l’hiver même s’il fait assez beau. L’intérêt du camping est de pouvoir déballer et étaler tout mon matériel et le contrôler une dernière fois.
L’après-midi, j’ai été faire une balade d’une vingtaine de kilomètres histoire de voir si le vélo n’a pas prit de mauvais coups dans l’avion. A part le dérailleur qui ne fonctionne pas parfaitement, tout est en ordre.
JOUR 2
Termas de Rio Hondo – Concepcion
Après une bonne nuit de sommeil, me voici prêt pour le grand départ.
Une journée facile sans grosses difficultés sauf peut être une trentaine de kilomètres sur une grand route.
Les grandes routes en Argentine, ce n’est pas très excitant à vélo. C’est loin d’être une surprise car j’ai déjà eu l’occasion de les tester il y a 2 ans. Elles ne sont pas larges et il n’y a presque jamais d’espace pour rouler à vélo. Il faut soit faire confiance aux camions (pas dingue), soit rouler sur le bas coté en terre ou en sable. Cette fois, j’ai le vélo adapté à ces mauvaises conditions mais cela fait sérieusement baisser la moyenne.
Concepcion est une ville sans grands intérêts sauf qu’il y a un vrai supermarché et, surtout, de vrais hôtels. Cela fait trois nuits que je n’ai ni vraiment dormi ni pris de douche, ni même mangé convenablement. C’est l’occasion ou jamais. D’autant plus que j’ai le moral dans les talons. Il y a déjà du jeu dans le pédalier alors que je l’ai fait réparer juste avant de partir. Ce problème va un peu me pourrir la vie tout au long du voyage mais, je vous rassure tout de suite, il tiendra jusqu’au bout (ouf…).
JOUR 3
Concepcion – Tafi de Valle
Cette fois, fini de rire, il est temps d’attaquer la montagne. Les premiers kilomètres se font le long de la Route 38 une des plus importantes du pays. Heureusement, à l’aube, il n’y a pas trop de trafic.
Ensuite, c’est la montée en direction de Tafi del Valle, une petite ville de montagne fort fréquentée en été par les touristes locaux. Ah oui, j’oubliais une petit détail, Concepcion ne doit pas être située à plus de 400 mètres d’altitude. Tandis que Tafi del Valle est à plus de 2100 mètres. Bref, une jolie côte.
Le plus impressionnant est le changement de végétation en fonction de l’altitude. Il y a même une grande partie du trajet qui se fait à travers la forêt vierge (du moins l’image que j’ai de la forêt vierge).
A Tafi del Valle, je me suis rendu directement au camping municipal. Il est ouvert, alors pourquoi pas? La responsable de l’office du tourisme me l’a sérieusement déconseillé (Es el invierno y hace muy frío) mais je veux tester mon matériel avant d’être vraiment en altitude. Résultat… Même pas froid.
JOUR 4
Tafi del Valle – Cafataye
Moi qui croyais avoir atteint le sommet. Et bien non, il y a encore plus de 1000 mètres à grimper…. et ce n’est même pas encore les Andes.
C’est l’Abra del Infiernillo, un col à 3042 mètres d’altitude. Au sommet, les vues sont superbes et en plus il y a des lamas…
Après un tel col, la descente est toujours un plaisir, surtout que les paysages sont agrémentés de nombreux cactus géants… C’est très dépaysant.
Cafayate est une ville fort touristique. Ce ne sont presque que des hôtels, plus ou moins typiques, qui se succèdent les uns après les autres. Comme il fait assez beau, je vais me contenter du camping local.
JOUR 5
Cafayate – Salta
Au programme de la journée: La Quebrada de las Conchas. Un des sites parmi les plus célèbres de la région. C’est une incroyable vallée qui a un petit air de parc national américain.
Une très belle route impeccablement asphaltée permet de traverser la Quebrada sans grandes difficultés. La dernière route vraiment confortable avant longtemps.
A la sortie de la vallée, je croise un couple de cyclistes. Des belges, c’est l’occasion parler français. Cela fait toujours plaisir.
Le vent dans le dos m’a permis de rouler beaucoup plus vite que prévu et d’atteindre Salta en une journée au lieu de deux. Une étape de 197 km, il faut bien garder la forme 🙂 .
Le soir, la fatigue aidant, j’ai laissé tomber mon appareil photo qui a eu la mauvaise idée de se casser… Vous savez déjà que cela ne changera rien au résultat photographique du voyage mais au moment même cela m’a un peu stressé. Malgré la fatigue, je n’ai pas très bien dormi.
JOUR 6
Salta – Jujuy
Pour commencer la journée, j’ai un peu visité la ville de Salta.
Pourquoi un peu ? Parce que je suis avant tout parti à la recherche d’un nouvel appareil photo. J’ai finalement trouvé mon bonheur : Un modèle Panasonic pas trop récent mais costaud et avec des piles rechargeable.
Pour rallier Jujuy, l’ancienne Ruta 9 est une route agréable. Elle serpente à travers la forêt vierge pour atteindre un col pas trop difficile. Les vues sont superbes. Il faut en profiter car ce sont les derniers paysages « verts » du voyage.
J’avais prévu de m’arrêter quelques kilomètres après Jujuy. Histoire de prendre un peu d’avance pour les 2 jours suivants. Ils s’annoncent assez costaux. Le but étant de rejoindre Abra Pamapa situé à plus de 3 500 mètres d’altitude.
C’était sans compter sur les sirènes d’une vraie ville : Supermarchés, hôtels avec douche chaude… Bref, j’ai vite oublié mes bonnes résolutions et je me suis arrêté à Jujuy. Demain est un autre jour…
J’ai bien trouvé, un supermarché (un Carrefour) mais pour l’hôtel, je me suis un peu trompé de catégorie… Une chambre sans fenêtres et une douche commune froide… Finalement, j’ai quand même très bien dormi.
JOUR 7
Jujuy – Tilcara
Au programme des 2 jours à venir: La Quebrada de Humahuaca classée « Patrimoine mondial de l’humanité ».
Une côte de 200 km et 2500 mètres de dénivelé. Le tout à travers des paysages sublimes …Rien que du plaisir. Au passage, j’ai fait une petit crochet par Purmamarca et la montagne des 7 couleurs.
Le matin était fort nuageux. J’avoue que j’ai un peu stressé. Un aussi long voyage pour visiter cette célèbre vallée …. dans les nuages et la brume (grrr). C’était sans compter sur l’altitude car je me suis retrouvé rapidement au dessus des nuages…. et au soleil.
Un petit vent dans le dos a même rendu la journée agréable et confortable. Je n’ai absolument pas été gêné par l’altitude. Je n’ai même par remarqué la baisse progressive de la température. J’aurai du profiter de cette relative facilité pour continuer le plus loin possible mais arrivé à Tilcara, un des plus jolis villages de la région, une fois de plus, je me suis arrêté sans tenir compte du lendemain.
J’ai rapidement trouvé un bon prétexte. Tilcara est situé à 2500 mètres d’altitude. Une petite nuit d’acclimatation à l’altitude sera la bienvenue.
Je cherche un hôtel et je tombe sur un camping. Un bon choix car cette fois il est équipé de douches chaudes… et propres.
Autant dire tout de suite que je suis le seul client et que je serais pas dérangé par le bruit. En fait, les campings ont surtout des clients l’après midi. Ils débarquent avec tout le matériel de barbecue, mettent la musique à fond et mangent des kilos de viande…. et oui, c’est l’Argentine. Le soir, le froid arrive (il gèle…). Je suis généralement le seul (cinglé) à camper pour la nuit. Bref, une paix royale.
Ce ne sont que des détails bassement matériel par rapport à la beauté des paysages que j’ai eu la chance de parcourir aujourd’hui. C’est le dépaysement total… et ce n’est que le début. La route est un peu large mais, miracle de l’hiver, il n’y a pas beaucoup de circulation..
JOUR 8
Tilcara – Abra Pampa
Après une bonne nuit, me voici prêt à attaquer la deuxième partie de la Quebrada de Humahuaca. Je dis bien « attaquer » car il s’agit quand même de passer un col à plus de 3700 mètres d’altitude. La route est un peu moins large mais toujours en aussi bon état. Les paysages sont de plus en plus impressionnants.
J’ai croisé un couple de cyclistes suisses. C’est fou que dans le sens de la descente tout à l’air plus simple. Ils ne semblent pas du tout surpris que mon objectif de la journée soit Abra Pampa. Après le col, c’est plat qu’ils ont dit, mais il faut d’abord l’atteindre ce f… col. J’ai oublié de vous dire que le vent à tourné et que je l’ai en plein dans la tronche.
Après le col, c’est la Puna (la version argentine de l’Altiplano). C’est effectivement presque plat… C’est à dire qu’il n’y a pas grand chose pour arrêter le vent… de face. Je suis obligé d’avouer que pour atteindre Abra Pampa, j’ai du sortir la grosse artillerie…(morale et physique).
Il doit faire tellement froid la nuit que, malgré le soleil omniprésent, il y avait de mini cascades de glace le long de la route (brrr…).
Abra Pampa est un trou perdu mais j’ai fini par trouver un hôtel. Un peu cher, selon une famille argentine arrivée en même temps. Le patron, fin commerçant, leur conseille, s’ils ne sont pas content, d’aller voir à l’autre hôtel. Pour moi, vu mon état de fatigue avancé et la nuit qui commence à tomber, pas question de discuter… Je prends! Finalement un bon choix car derrière une façade pas trop reluisante, la chambre était très confortable et parfaitement équipée. La chasse d’eau coulait bien un peu (beaucoup) mais j’apprendrais rapidement que dans ce pays les tuyauteries coulent toujours un peu (beaucoup).
Malgré la fatigue, il faut que je prenne le temps nécessaire pour la chasse au ravitaillement. Je parle de chasse pour le ravitaillement car trouver un magasin n’est pas toujours simple.
Il suffit de demander où il se trouve, me direz vous !
Le problème est que la réponse est invariablement la même, quelque soit le village, : «Dos quadras a la izquierda » ou « dos quadras a la derecha » (Le deuxième pâté de maison à gauche ou à droite).
Dans la pratique ce n’est pas aussi simple. L’endroit étant quand même un peu « différent » de la rue où j’ai la chance d’habiter. C’est bien pour cela que je suis là. La recherche du « supermercado » se transforme donc régulièrement en une sorte de jeu de piste.
En général, c’est amusant mais, la fatigue aidant, c’est parfois un peu moins excitant. D’autant plus qu’une fois dans le magasin, c’est souvent la désillusion en raison du choix très limité. Tout cela n’est bien sûr qu’une impression momentanée due à la fatigue et la faim (immense après une journée pareille). D’un autre coté, la découverte d’une simple pomme bien verte ou d’un pot de yogourt procure énormément de satisfactions.
Trêve de considérations philosophiques, il est temps d’aller dormir.
JOUR 9
Abra Pampa
Dans cette région, il n’est jamais facile de quitter un hôtel à l’aube. La porte extérieure de l’hôtel est généralement fermée à double tour. A 8 heures 30, je peux enfin sortir sous l’œil légèrement moqueur du gars qui est venu me libérer. Il faut être fou pour faire du vélo par ce froid!
L’objectif de la journée est la lagune de los Pozuelos située à une cinquantaine de kilomètres avant de revenir à l’hôtel par le même chemin. Autant dire tout de suite que je n’y arriverais jamais mais la balade sera extraordinaire.
Le soleil n’est pas encore vraiment levé et il fait froid, même très froid. Cela commence mal car j’ai directement les doigts gelés malgré des gants où est brodés en grosses lettres un présomptueux « -30°C ». Heureusement, le reste de mon équipement semble convenir. Je n’ai pas froid et je ne suis pas gêné pour roulé dans des conditions quand même un peu « difficile ».
La piste longe une rivière gelée et grimpe petit à petit à travers des champs de caillasses pour atteindre un col situé à près de 4000 mètres d’altitude. Il y a des lamas partout.
De l’autre coté, c’est un immense plateau désertique. Le vent souffle en rafales soulevant des tonnes de sable. Dans ces conditions, pas moyen d’avancer mais quelle aventure. Au moment le plus inattendu, un bus arrive en sens inverse. Il provoque un nuage de poussière infernal. C’est un très vieux bus comme en n’en voit qu’à la télévision lors d’émissions sur l’Amérique du Sud… Cette fois c’est certain, j’y suis et en plein dedans.
Comme il s’agit quand même de ma journée de repos, rien ne m’oblige à forcer. Je me décide donc à faire demi tour plus tôt que prévu. Pour le retour le vent est dans le bon sens. Rouler comme un avion sur une piste en sable est une expérience inoubliable. Je me suis même retrouvé au cœur d’une mini tempête de sable avançant sans plus aucun point de repère… Dingue.
Après avoir repassé le col, je vais faire connaissance avec tôle ondulée locale, la première d’une très longue série. Le mal à la nuque du à l’altitude, presque imperceptible sur le macadam, devient vite difficile à supporter sur les bosses d’une mauvaise piste.
Retour à l’hôtel pour une très longue nuit car demain, l’aventure commence.
JOUR 10
Abra Pampa – Tres Moros (RN52)
La célèbre « Ruta 40 » commence à quelques kilomètres au sud d’Abra Pampa. Cette route, une des plus célèbre d’Argentine, traverse le pays du nord au sud en longeant la cordillère des Andes sur près de 4700 kilomètres. Au départ de Mendoza (kilomètre « O »), elle est divisée en deux secteurs, le nord (1551 km) et le sud (3115 km).
Ce qu’il faut bien comprendre au sujet de cette route, c’est qu’il ne s’agit absolument pas d’une grande route mais plutôt d’un itinéraire regroupant des routes plus différentes les unes que les autres : De la piste mal entretenue à l’autoroute à plusieurs bandes.
Mon objectif est de parcourir la section nord jusqu’à Mendoza. Tout en ne négligeant pas quelques variantes pour ne rien manquer des fantastiques paysages que je vais avoir la chance de traverser.
Bref, je suis tout au début de cette route, au croisement avec la RN9. Bien entendu, il n’y a plus d’asphalte. C’est parti en ligne presque droite sur une piste dont le sable est de plus en plus mou. Inutile de préciser que cette piste est déserte. J’ai croisé 2 voitures sur la journée.
Je découvre les paysages qui vont m’accompagner presque jusqu’à la fin du voyage. Il s’agit de de déserts coincés entre 2 massifs montagneux. Le tout sous un ciel d’un bleu impressionnant.
La ville suivante est située plus de 200 kilomètres. J’espère pouvoir effectuer cette distance en 2 jours mais je n’ai aucune idée de la vitesse moyenne que je vais pouvoir faire. Je dois avouer que je n’ai pas encore eu souvent l’occasion de rouler dans le sable à plus de 3000 mètres d’altitude.
La première journée se passe bien. Je ne suis resté qu’une ou deux fois planté dans le sable, le reste était suffisamment roulant. Le froid n’est pas trop dérangeant car le soleil est bien présent même s’il ne chauffe pas énormément.
En fin de journée, je suis arrivé à hauteur de « Salinas Grande » et de la RN52 (route qui rejoint la frontière chilienne), soit plus de 115 km parcourus. Quelques kilomètres après avoir traversé la Nationale, Il y a un type en Renault Twingo!! qui s’est arrêté pour me demander, les yeux un peu hagard, si l’asphalte était encore loin…. Cela n’annonce rien de bien pour le lendemain.
A la tombée du jour, j’installe ma tente sur le bord de la route. Ce qui m’en-rage un peu, c’est que l’endroit n’est plus aussi désertique que la zone que j’ai traversé pendant la journée. Il y a même une ferme… avec son inévitable chien qui aboie sans arrêt.
Dès que le soleil a complètement disparu, le calme revient rapidement. Le froid fait son apparition. Déjà en montant la tente, j’ai cru qu’il y avait une pâte collante sur la toile. Ce n’était qu’un reste d’humidité qui a instantanément gelé.
Pas d’inquiétude, j’ai un sac de couchage, qui m’a couté une petite fortune, prévu pour résister à des température de -20°C. Malgré cela, pendant la nuit, je vais devoir rajouter quelques couches. D’après mon thermomètre, il devait bien faire -15°C dans la tente (encore brrr…).
JOUR 11
Tres Moros (RN52) – San Antonio de Los Cobres
Autant dire tout de suite que je n’ai pas fait la grasse matinée. La meilleure solution pour se réchauffer, c’est de rouler…
Après un rapide petit déjeuner (le pain était congelé), j’ai repris la route. Les premiers kilomètres sont fantastiques. La piste longe « Salinas Grande » et cela roule très bien. Le sable aussi est gelé.
A 10 heures, je suis même très optimiste sur la fin de la journée car il ne me reste plus que 65 km à parcourir avant d’atteindre San Antonio de los Cobres. Seul bémol, je n’ai rien plus à boire. Ma gourde n’est plus qu’un gros glaçon. Le matin, il y avait encore un peu de liquide entre les blocs, mais maintenant… c’est désespérément sec.
Malheureusement, mon enthousiasme va vite retomber. Le reste de la journée, trois longues lignes droites de +/- 20 kilomètres vont se succéder dans le sable mou. C’est dur, mais pas encore de quoi se plaindre. Le problème viendra plutôt de la circulation. J’ai été épargné jusqu’à présent, mais aujourd’hui, il y a beaucoup de voitures. C’est peut être tout simplement parce que c’est dimanche.
A chaque voiture, je suis obligé de m’arrêter pour me protéger de la poussière et surtout pour me mettre à l’abri dans un endroit stable. La majorité des automobilistes ne ralentissent pas en me croisant. Les rares fois qu’il y en un qui frêne, c’est pour me prendre en photo. Évidemment, pas question d’ouvrir la fenêtre et d’entrer en contact avec ce guignol sur son vélo.
J’ai essayé le hors piste. L’occasion de quelques bons souvenir mais, là aussi, le sable a fini par devenir trop mou. Tant qu’à pousser le vélo, j’ai préféré retourner la piste.
Arrivé au dernier tournant (il n’y en a eu que trois sur les cinquante derniers kilomètres), je vois enfin la ville de San Antonio dans le lointain. Je me mets déjà à faire des plans pour la nuits et pour le lendemain. Projets, un peu prématuré car à 8 km/h de moyenne, je mettrai encore plus de 2 heures avant d’atteindre la ville.
Je suis arrivé juste avant le couché du soleil. Cette ville est un peu le bout du monde, installée au cœur d’une région désolée à 3775 mètres d’altitude. Le genre d’endroit où trouver à manger et un endroit pour dormir quand il fait déjà noir n’est pas simple.
Il y a bien un hôtel de luxe qui est clairement indiqué mais il ne me tentait pas trop. Dans la région, sur les hôtels, hostals et autres hospedajes, il y a rarement la moindre indication. Ce qui ne facilite pas l’orientation.
Malgré l’assistance de plusieurs locaux, j’ai un peu tourné avant de trouver enfin mon bonheur. Comme repas, je me suis contenté des restes qui traînait au fond de mes sacoches. Plus le courage, ou la force, de m’occuper de la corvée ravitaillement. Ce sera plus facile le lendemain après une bonne nuit de sommeil.
JOUR 12
San Antonio de Los Cobres – La Poma
Si j’ai un peu forcé les deux jours précédents, c’est qu’il y avait une bonne raison : L’Abra del Acay, un col à 4895 mètres d’altitude. Le plus haut d’Amérique du Sud (et du Nord).
90 km séparent San Antonio et la Poma, un gros village situé sur l’autre versant. Distance qu’il doit être possible de faire en un jour d’autant plus que plus de la moitié est en descente… et quelle descente !
Mais revenons en arrière. Le soir précédent, je ne suis plus du tout sûr de vouloir passer ce col. J’ai utilisé le peu d’énergie qu’il me restait a étudier les éventuelles alternatives. Finalement, j’ai décidé de quand même partir tôt au cas où je changerais d’avis.
Comme d’habitude, quand je suis prêt à partir, impossible de sortir de l’hôtel mais cette fois, je ne me suis plus trop gêné pour réveiller le patron.
Évidemment, le « Supermercado » que j’avais repéré n’était pas encore ouvert. Tant pis et en route. Il ne me reste en réserve plus que 3 pommes… C’est toujours mieux qu’une 🙂
A la sortie de la ville, je remarque dans la poussière de la piste des traces de pneus de vélo et pas n’importe quelle traces : des Marathons XR. Des pneus qui ne sont utilisé que sur les vélos de voyages. Les traces semblent fraîches. Il y a donc un autre cycliste devant moi. C’est décidé, s’il prend la direction du col je le suivrais…
Les traces quittent la piste principale pour suivre la « Ruta 40 » car, bien entendu, le col est sur la « Ruta 40 ». ce n’est pas une route mythique pour rien. Reste à savoir si les traces sont du jour.
Le début de la montée n’est pas trop dur. Le pourcentage n’est pas excessif. Au bout d’une longue ligne droite, j’aperçois un petit noir… Ce sont donc bien des traces fraîches. Le temps d’un petit sprint, je rattrape le collègue avant que la piste ne se mette à grimper sérieusement.
Quand je lui demande s’il parle anglais ou espagnol, il me répond un truc pas très clair. Manifestement, il y a quelques chose qui cloche. Je regarde alors son vélo et, surprise, il a le même que le mien, acheté dans le même magasin. La langue qu’il parle, c’est le « Nerderlands »… Bref, un compatriote!
La suite de la montée sera beaucoup plus dure, voire interminable. A partir d’une certaine altitude, nous avons du continuer à pied. Les chauffeurs des deux ou trois voitures que nous avons croisés se sont arrêtés pour nous demander si nous étions au courant de l’altitude du col.
Tout à coup, il fait beaucoup plus froid et le vent devient de plus en plus fort… C’est le sommet. Un grand moment pour un souvenir impérissable.
La descente est encore plus dingue car les vues sont époustouflantes…. Bon, trêve de qualificatifs, je crois que vous avez compris.
Reste maintenant à arriver à La Poma avant la nuit. Les multiples arrêts « photos » en décideront autrement. Ce qui n’aurait pas posé de problème si deux kilomètres avant l’entrée du village une énorme gué ne barrait la route.
Un vrai gué, profond, avec beaucoup de courant et, bien entendu, de l’eau glacée. Heureusement, il n’a pas fallut attendre plus de 5 minutes avant de voir arriver un pick-up. A peine le temps de charger les vélo que nous étions devant l’hôtel local. Nos sauveurs nous ont grandement facilité les choses car eux aussi étaient à la recherche d’un logement.
Expliquer à la patronne que 2 personnes qui ont les mêmes vélos et parlent (presque) la même langue ne voyagent pas ensemble ne fut pas si simple. Finalement, Je ne crois pas qu’elle ait vraiment compris car nous avons eu deux chambres pour le prix d’une seule.
Ce n’était sans doute pas la première fois qu’elle avait à faire à des cyclistes affamés. L’hôtel faisant aussi restaurant, elle savait déjà qu’elle allait se refaire sur la quantité astronomique de viande que nous allions ingurgité.
Après le repas, la douche. Pas de chance, pour avoir de l’eau chaude, il faut attendre qu’elle chauffe… au bois. Autant dire tout de suite que j’ai remis la douche au lendemain soir.
JOUR 13
La Poma – Molinos
Le programme du jour… Terminer la descente.
C’est seul que je quitte La Poma. Mon déjà ex-collègue n’a pas vraiment envie de partir trop tôt et a quelques problèmes techniques à régler.
A hauteur de Payogasta, c’est le retour de macadam pour une dizaine de kilomètres. Le contraste est flagrant. J’ai presque l’impression de planer. Je suis arrivé à Cachi dans un état un peu euphorique mais l’enthousiasme est vite retombé. C ‘est une jolie petite ville mais tellement artificielle (orienté vers le tourisme). Je me suis arrêté juste le temps de faire quelques achats car mes réserves sont tout à fait épuisées.
Il ne me reste plus qu’à rejoindre Molinos par la « Ruta 40 » qui est redevenue une piste . Le trajet sera un peu plus long que prévu. Après avoir eu une crevaison, la première depuis très longtemps, je me suis perdu! Sans conséquences car toutes les pistes suivent la même vallée. En cas d’erreur, le trajet est juste un peu plus long… et surement beaucoup plus beau 🙂
Le village de Molinos est beaucoup moins beau que celui de Cachi mais tellement plus « vrai ». En hiver, c’est un peu le désert mais j’ai trouvé tout ce qu’il fallait à mon bonheur. Un logement confortable une douche chaude, un magasin +/- bien achalandé et une boulangerie aux choix variés… Bref, de quoi satisfaire un cycliste : Manger et dormir.
Le seul problème est arrivé vers 4 heures du matin. Pour une fois la porte d’entrée de « l’hospedaje » n’était pas fermée à clé. Ce n’est pas pour laisser partir les voyageurs à l’aube mais pour laisser rentrer les poivrots locaux après la fermeture du bar du village. Pas si simple d’avoir une nuit complète dans ce pays.
JOUR 14
Molinos – Cafayate
Aujourd’hui, c’est la vallées de Calchaquies. Une fois de plus la route est complètement dingue. Elle monte, elle descend, elle tourne… dans du sable très mou. Il faut être prêt à « souffrir » dans le sable en montée et savoir « surfer » sur le sable dans les descentes.
La routa 40 serpente entre des rochers plus impressionnants les uns que les autres. Dur, dur comme journée mais aussi un vrai plaisir.
Le soir, je me retrouve pour la seconde fois à Cafayate. Passer deux fois au même endroit est un peu moins excitant mais, ici, il n’y a pas vraiment d’autres possibilités. Les choix d’itinéraires ne sont pas légions. Une fois de plus, je ne suis pas tenté par les hôtels locaux. Je reprend donc la direction du camping. Comme il y en a deux l’un en face de l’autre, ce sera quand même une nuit un peu différente.
JOUR 15
Cafayate – Santa Maria
Une coutre étape, mais une plongée dans le vraie Argentine. Après avoir quitté la province de Salta, c’est l’arrivée dans celle de Catamarca.
Un changement de décor, ou plutôt la sérieuse impression de passer de l’autre coté de l’écran. Pendant la première partie de ce voyage, je n’ai pas croisé grand monde et les rares villages traversés étaient souvent déserts. J’ai donc surtout profité des paysages grandioses….Dans la province de Catamarca, si la campagne est toujours aussi déserte, dans les villes, il y a du monde.
Les argentins d’origines européennes sont beaucoup plus nombreux. Cela rend les choses moins exotiques mais c’est une fausse impression car l’Argentine reste toujours l’Argentine.
La Ruta 40, bien macadamisée à la sortie de Cafayate, redevient une piste sablonneuse et très cassante. Malgré cela, il y a de nombreux autobus qui y circulent. Heureusement, le bruit qu’ils font en roulant à fond sur la tôle ondulée évite d’être surpris.
Je me suis arrêté à Santa Maria, une ville presque grande qui a l’avantage d’avoir des vrais hôtels pas trop touristique. Pourquoi un vrai hôtel ? Car le lendemain, je voudrais partir avant l’aube pour une vraie étape marathon.
Après avoir calculé presque toutes les possibilités d’itinéraires, le résultat était toujours le même. Il va me manquer 1 jour pour atteindre Mendoza. N’étant ni tenté par prendre l’autocar, ni par couper par
la grand route, il ne me reste qu’une solution : Faire une très longue étape pour récupérer ce petit retard. Une étape marathon de temps en temps, cela me plait. J’aime le voyage, mais le vélo me plait aussi. Il y a juste un petit problème, l’Argentine est un très grand pays. Ce n’est donc pas une étape marathon que je vais devoir faire mais trois ou quatre…
Revenons à l’hôtel de Santa Maria. Comme je l’ai déjà expliqué, il parfois difficile de sortir d’un hôtel à l’aube. Alors partir 1h30 avant le lever du soleil c’est quasiment mission impossible. C’est pour cette raison que j’ai choisi un vrai hôtel, avec une réception ouverte toute la nuit.
Un logement vite trouvé, c’est autant de temps gagné pour aller se balader en ville. Quand en plus ce n’est pas du tout un endroit touristique, j’adore…. Je peux y passer des heures.
JOUR 16
Santa Maria – Belen
Il fait encore nuit quand je me mets en route pour une journée de plus de 190 km. Il fait très froid mais maintenant je suis parfaitement rodé à ce petit jeu.
Je ne devrais presque pas croiser beaucoup de villages. D’après la carte plus de 80 kilomètres de l’itinéraire ne sont même pas macadamisés…. Pour être honnête, je ne suis pas du tout sûr d’arriver au bout. J’ai pris du ravitaillement pour 2 jours au cas où.
La route traverse d’abord une série de villages tout en longueur. Il n’y a pas l’air d’avoir beaucoup de maisons en dehors de celles qui sont installées le long de la route. J’ai presque l’impression de traverser une grande ville (toute proportions gardées). Moi qui ai déjà la tête dans le désert, c’est un peu frustrant.
La dernière maison du dernier village donne le départ de la montée. Pas une montée terriblement dure mais constante et en ligne droite. Malgré le soleil qui se lève doucement, le température continue à baisser. Il y a encore un ou deux villages paumés et puis plus rien. C’est le désert. Un désert encaissé entre 2 rangées de montagnes. Toujours d’après la carte, pas toujours précise, il y a plus de 70 kilomètres avant le prochain village.
La paysage est grandiose mais il devient vite monotone. J’ai rapidement l’impression de pédaler dans le vide et de ne pas avancer. Heureusement, le vent n’est pas contraire.
J’étais à plus de 40 km/h quand j’ai vu un panneau annonçant la fin du macadam…de 20 kilomètres avant l’endroit prévu. C’est surement un vieux panneau que je me suis dis… Pas de chance 200 mètres plus loin, je me suis retrouvé dans du sable mou. Comme je roulais un peu vite, j’ai failli passer au dessus du guidon.
Les 20 kilomètres suivant ont été les pires depuis le début du voyage. Un mélange de sable, de gravier et de tôle ondulées. J’ai bien cru que je n’arriverais pas au bout. J’avais même abandonné mon idée d’étape marathon.
A partir de Los Nacimientos, la ruta 40 rejoint la piste d’accès à une mine. De nombreux camions gigantesques passent par là. Miracle, le sable est parfaitement tassé. Il n’y a plus de tôle ondulé. C’est reparti… D’autant plus qu’une dizaine de kilomètres plus loin, pour la traversée du village de Hualfin, il y a un long tronçon macadamisé.
La vrai bonne surprise arrive à El Eje. La vraie route moderne commence 48 kilomètres plus tôt que prévu. C’est donc bien avant le coucher du soleil que je suis arrivé à Belen. Un ville agréable. Je n’ai eu aucune difficulté à trouver un hôtel sympathique, un supermercado bien achalandé et j’ai même eu l’occasion de me balader avant de m’effondrer… de fatigue.
JOUR 17
Belen – Tinogasta
Aujourd’hui, je vais quitter la Ruta 40 car elle se transforme petit à petit en une beaucoup trop grand route et faire une boucle inutile vers l’est. Par contre, il est possible de continuer plein sud en empruntant la route provinciale n°3. Elle passe par un endroit fort sympathique qui répond au nom de « Cuesta de Zapata ». Une « cuesta », c’est un col avec beaucoup de lacets sur une piste en terre. Que du plaisir en perspective.
Avant cela, je dois atteindre la ville de Londres. Un nom bien pittoresque pour un gros village qui dispose même d’un aéroport… qui n’a qu’un très lointain rapport avec celui de la ville presque homonyme de « London ». Je n’ai malheureusement plus la photo pour vous montrer la différence.
La RP 3 est une piste perdue au milieu de nulle part. Après 100 mètres, je me suis fait dépassé par une jeep, après 200 mètres j’ai dépassé un cavalier et puis… plus rien pendant près de 60 km. J’ai bien vu au début l’une ou l’autre ferme de loin mais dès que la route s’est mise à monter, je me suis retrouvé une fois de plus dans un endroit complètement désert. A la différence des jours précédents, les montagnes ne sont plus visibles de loin, je suis dedans. Autant dire tout de suite que les paysages sont fantastiques. J’ai même réussi à faire 4 très bonnes photos sans changer de place.
Il y a tout pour me faire plaisir : Des montées interminables, de lacets impressionnants, les flancs de la montagne sont couverts de cactus géants et, cerise sur le gâteau, la piste est bordée de précipices vertigineux.
De l’autre coté de la montagne c’est le retour dans le sable (mou). Pour la petite histoire, ce n’est pas loin d’ici que Carlos Sainz a abandonné lors du Dakar 2009.
Malheureusement, c’est aussi le coté de la décharge de Tinogata. Avec le vent, il y a des détritus éparpillés partout. C’est un peu dommage.
Un peu avant de rejoindre la ville, il faut encore traverser un gué assez profond. Le coté dépotoir rend la chose beaucoup moins folklorique que prévu. Miracle de l’Argentine, sur cette route où je n’ai pas vu de voiture depuis des heures, un pick-up a fait une apparition presque miraculeuse. Je n’ai même pas du demander quelque chose. Le gars s’est arrêté et directement embarqué le vélo dans la benne.
C’est donc les pieds secs que je suis arrivé à Tinogasta. Une petite ville bien caractéristique de la région. C’est à dire des rues perpendiculaires et une place centrale avec un petit parc au milieu. Les principaux commerces sont situés autours de la place où dans les 2 ou 3 rues adjacentes.
La place est aussi le point de rendez-vous de tous les « jeunes » du coin. Il se déplace tous sur des motos d’un centaine de cm3 et très bruyantes. Ils sont généralement à 2 ou 3 par moto. Dans beaucoup de pays, les filles seraient sur la place et les garçons tourneraient autour à moto. Et bien en Argentine, c’est différent. Filles et garçons tournent autour de la place. Il a des motos de filles et des motos de garçons… Donc, beaucoup de motos. Le tout se croise et se jauge pendant des heures. Au début le spectacles est pittoresque mais, surtout le WE, cela devient vite lassant voir énervant car une moto mâle doit quand même faire plus de bruit qu’une moto femelle. Quand il y en a des dizaines, je vous laisse imaginer le boucan. C’est le même cirque dans toutes les villes.
Cette fois le principal hôtel de la ville n’est pas situé « dos quadra a la izquierda »…Il donne en plein sur la place. Il doit surement être possible d’en trouver des plus sympathiques ou plus typiques mais, une fois de plus, j’ai préféré gagner un maximum de temps pour me balader autrement qu’à vélo.
JOUR 18
Tinogasta – Chilecito
C’est reparti sur la RP3. Première difficulté, trouver la bonne sortie de la ville. Dans toutes les villes, les rues se croisent toujours en angle droit. Comme elles sont toutes les mêmes, ce n’est pas simple de savoir laquelle va continuer. A Tinogasta seule la RN60 est indiquée. Pour les autres, il faut un peu chercher.
Heureusement, le patron de l’hôtel m’a un peu tuyauté car à cette heure matinale et glaciale, il n’y a personne dans la rue. Il m’a garanti que je devrais pousser mon vélo pendant au moins 13 km!!!, le temps de quitter la mauvaise piste et de rejoindre la macadam. J’ai essayé de lui expliquer que je suis justement à la recherche de mauvaise piste et que mon vélo est équipé pour les routes en mauvais graviers mais il ne m’a pas vraiment cru…
En pratique, c’est +/- 60 km de montée suivi de +/- 60 km de descente avant une dernière petite montée de 5 ou 6 km pour d’atteindre Chilecito. Le tout majoritairement en ligne droite. Les paysages ne sont pas mal mais ce n’est pas vraiment la plus belle journée. Je dirais une journée de transition. C’est aussi le retour sur la ruta 40 quelques kilomètres avant Chilecito.
Chilecito est une grande ville. J’avais même un liste d’hôtel dans mon guide. Sur place impossible d’en trouver un. Le problème est que les gens m’envoie systématiquement vers l’hôtel le plus chic de la ville (tout est relatif). C’est donc dans dans cet hôtel que j’ai finalement atterri. Un bon choix car il est éloigné de la place où le rodéo assourdissant des motos battait son plein.
JOUR 19
Chilecito – Villa Union
Une petite pause dans mes journées de transition. Intermède qui a pour nom : Cuesta de Miranda.
La ruta 40 traverse la sierra de Sanogasta. Comme d’habitude, le macadam disparait dès les premiers lacets et des lacets, il y en a beaucoup… plus de 800 virages! Dans certains d’entre eux, il vaut mieux avoir le cœur bien accroché car les à-pics sont parfois vertigineux.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Dans la vallée suivante, la ruta 40 reprend son tracé rectiligne pour rejoindre Villa Union.
Villa Union est la ville la plus proche de Parc National de Talampaya. La région est beaucoup plus touristique. Cette fois pas question d’aller dans l’hôtel le plus chic de la ville car il n’a plus rien de local et de pittoresque. J’ai fini par en trouver un qui semblait convenir mais ce fut le moins agréable du séjour. Je ne parle pas du confort mais plutôt de l’accueil. L’hôtel comme la ville d’ailleurs ne m’ont vraiment pas convaincu. J’étais peut être un peu fatigué.
JOUR 20
Villa Union – San José de Jachal
Une dernière journée de liaison. Une fois encore ce sont d’interminables lignes droites sur la ruta 40…. Bref, presque la routine.
En fin de journée, il y a quand même une petite « custa » (de Huaco) pour agrémenter le parcours. C’est là aussi que j’ai quitté définitivement la ruta 40. Je ne la verrai plus avant la fin du voyage à Mendoza.
San José de Jachal est une fois de plus une petite ville typique avec les rues qui se croisent à angle droit et la place au milieu. Seulement ici ce n’est plus touristique du tout . J’ai trouvé un hôtel agréable et accueillant sans aucune difficultés (J’ai du un peu cherché mais maintenant vous connaissez la musique).
JOUR 21
San José de Jachal – Iglesia
Ce matin, je suis parfaitement reposé pour attaquer les montagnes. Je suis aux pieds des Andes, les vraies, celles avec des sommets enneigés…
Après plusieurs jours d’un ciel bleu impressionnant, le ciel est couvert. Il fait gris et tellement sombre que les paysages ont un petit coté sinistre.
La route 150 monte doucement en direction de rodéo. Doucement n’est sans doute pas la vérité mais je commence a être bien dans le rythme ce qui facilite le passage des difficultés.
A la sortie de la ville, j’ai roulé avec un type qui se rendait au travail à vélo. Je n’ai pas trop bien compris ce qu’il faisait mais il avait une bêche sur son porte bagage. Il n’avait surtout qu’une vitesse. Ce qui ne l’a pas empêché de me suivre pendant plus de 15 km. Lui aussi, il devait avoir le rythme car il fait les 20 km de montée tous les jours.
La route suit les gorges du rio Jachal. La route monte en direction des nuages et tout à coup dans le lointain, c’est un petit coin de ciel bleu qui apparait. C’est un peu comme la sortie d’un tunnel. Pour moi, c’était un peu comme la « Porte de Andes ». Après avoir traversé des déserts inhospitalier, des vallées sinistre, j’arrive enfin dans le pays enchanté….
Stop, il ne faut pas rêver trop longtemps car au sommet le vent aussi s’est levé. Un vent incroyable, il est presque impossible de se tenir debout. Heureusement, il est plus ou moins favorable. L’endroit s’appelle la « Cuesta (encore une) del Viento » et porte bien son nom. Il y a même un gigantesque lac très apprécié en été par les amateurs de planche à voile. En hiver, il est désert et fantastiquement beau.
Cette fois, juste derrière le lac, elles sont bien là, les montagnes enneigées. J’ai été « contraint » de faire des dizaines d’arrêts photos.
J’avais prévu de rouler le plus longtemps possible et de dormir dans la montagne mais il fait de nouveau très froid. Même en fin d’après-midi au soleil, il fait un peu frisquet. En montagne et en hiver, c’est normal me direz-vous, mais cette fois c’est du sérieux.
A Iglésia (ou plustôt à Bella Vista) dernier petit village avant d’attaquer la route 412 en direction de Tocota, j’ai vu un panneau presque neuf indiquant un camping. Comme j’avais prévu de dormir sous tente, pourquoi ne pas essayer. Après quelques recherches, j’ai fini par le trouver. Un camping tout neuf, il était encore en travaux. Pour 5 pesos j’ai eu droit à une douche chaude et à une vraie toilette propre (elle était neuve).
Comme d’habitude, j’étais le seul client. Cette fois cela n’avait rien d’anormal car l’impression de froid que j’avais ressentie l’après-midi était plus qu’une impression. Mes belles toilettes sont vite devenue inutilisable à cause du gel.
Vous vous demandez sans doute quelle peut être la différence de dormir sous la tente dans un camping ou dans la montagne par un temps pareil. La réponse est simple : La douche. Débarrassé, de la transpiration du jour, c’est beaucoup plus facile d’affronter le froid.
C’est donc en immersion au fond de mon sac de couchage que j’ai finalement passé une bonne nuit.
JOUR 22
Iglesia – Calingasta
A partir d’ici, il y a des photos (Cliquez sur le bouton “Photos”).
Partir le matin dans le noir avec un froid pareil… on se sent vivre, ou plutôt on ne sent rapidement plus ses doigts malgré les gants de skis soit disant prévu pour des températures extrêmes.
Je suis obligé de partir tôt car la ville suivante est assez loin (là aussi, j’ai l’impression de me répéter;-). Par ce froid, cela ne me tente pas de passer une deuxième nuit de suite sous la tente… Il ne faut pas abusez des bonnes choses.
Premier objectif de le journée : Tocota. Une petit village situé à 2500 mètres d’altitude. Au début, la route semble monter doucement. En pratique, ce n’est qu’une illusion car la RP412 est une très mauvaise piste où il est vraiment difficile d’avancer (et je n’ai pas l’habitude de me plaindre). Impossible de dépasser les 8 km/h et toujours l’infernale impression de faire du sur place.
A un moment, je vois derrière moi une immense nuage de poussière. Un camion me rattrape. Je m’arrête pour le laisser passer. C’est l’occasion de faire une petite pause. Après quelques minutes, le nuage de poussière est toujours là mais il ne semble pas avoir bougé. Le camion est encore très loin. Je repars et je le contrôle de temps en temps. Il a fallut près de 45 minutes avant qu’il me dépasse. Lui aussi semblait avoir beaucoup de difficultés. Il roulait au ralenti.
Autre problème. Si depuis le début du voyage il fait froid, même très froid, la nuit, la journée, la température grimpe rapidement pour atteindre 16-18 °C. Aujourd’hui, elle ne monte pas. Elle donne même l’impression de descendre. L’eau de ma gourde a rapidement congelé. En plus du froid, je n’ai donc plus rien à boire. Dur, dur….
Tocota est un village composé de 3 maisons, une ferme et une gendarmerie. Devant la ferme, il y a trois personnes qui s’occupe des vaches. L’un d’entre eux viens vers moi. C’est le gendarme (en civil)…qui travaille à la ferme. Je vous l’avais dit, il s’agit d’un très petit village. Il doit noter toutes les coordonnées des véhicules qui passent par cette route dans un carnet. Le carnet, n’est pas très épais. Manifestement, il n’y a pas beaucoup de trafic par ici…. A voir la surprise des rares habitants du village, encore moins de cycliste solitaire en plein hiver.
Si la montée est longue (34 km) et difficile, la descente l’est encore plus (55 km avant le premier village). Il n’y a presque plus de gravier, rien que du sable et de gros cailloux. Les vues sur les sommets enneigés sont toujours aussi fantastiques mais tout est tellement énorme que l’impression de faire du sur place devient presque difficile a supporter. Ces sont des heures sans voir le moindre point de repère qui pourrait donner l’impression d’avancer.
Pas question non plus de profiter de la descente pour se laisser rouler. L’état de la piste fait qu’il est impossible de relâcher la concentration plus de 15 secondes. Tout manque de vigilance est automatiquement sanctionné pas une chute… Heureusement sans gravité car la vitesse dépasse rarement les 16 km/h.
Une petite surprise quand même. Au début de la descente, je me suis trouvé nez à nez avec un groupe de chevaux (ou de mules). Qui a la priorité? De longues minutes d’hésitations (et de photos… A partir d’aujourd’hui, je peux vous les monter) avant qu’ils se décident à s’écarter pour me laisser passer. Merci les canassons….
Après ces 90 km d’enfer, la journée n’est pas encore finie. Pour atteindre Calingasta, il reste encore 36 km… de macadam (ouf).
A Calingasta, il n’y a pas de place centrale (du moins, je ne l’ai pas vue). Il y a juste un grand route bordée de quelques maisons et magasins. Comme d’habitude, pas moyen de trouver d’hôtel. La première personne a qui je pose la question a un accent pas vraiment compréhensible. Je refuse plutôy de le comprendre car il m’explique que le seul hôtel est situé à plus de 3 km après la sortie du village. J’essaye une autre personne… même réponse. Bref, cette journée interminable n’est pas encore finie!
JOUR 23
Calingasta – Barreal
Ce matin au petit déjeuner, il y avait une télévision. La dernière fois que j’ai eu l’occasion de voir la TV, les informations ne parlaient que de la grippe A. Aujourd’hui, changement de programme. Le sujet du jour est la « ola de frio » (vague de froid) qui s’est abattue sur le pays… Cela explique mes petits soucis « frigorifiques » de la journée et de la nuit précédente.
A la fin de cette journée aussi, j’avais prévu de dormir sous la tente. Maintenant j’ai une bonne excuse pour calmer le jeu. Je vais me contenter de relier la ville suivante située à une quarantaine de kilomètres. Cela compliquera la journée du lendemain mais il sera toujours temps de voir…
Barreal est une ville touristique… Du moins en été car aujourd’hui, tout est presque désert. L’endroit est réputé comme point de départ pour partir en expédition dans les hauts sommets des Andes. Dans mon imagination, un village touristique est un truc moderne mais en réalité, il s’agit d’un village assez rustique. Touristique veut seulement dire que les hôtels sont facile à trouver. Je m’arrête dans le premier que je trouve et dont j’ai l’impression d’avoir lu le nom dans un guide. Pour le coté rustique, je vais être servi. C’est même un peu le sommet. Sans rentrer dans les détails, c’est un peu le condensé de tout ce que j’ai pu avoir de sinistre depuis le début du voyage. J’aurai mieux fait de dormir sous la tente.
L’après-midi, j’ai eu tout le temps pour me balader à pied et à vélo dans le village et ses alentours. Si le village n’est pas impressionnant… que les montagnes aux alentours sont belles.
JOUR 24
Barreal – Upsallata
Plus que deux jours pour atteindre Mendoza. La journée qui s’annonce sera dure car plus longue que prévu. J’ai également lu plusieurs compte rendus de cyclistes qui avaient un peu souffert sur cette route.
Pour ne prendre aucun risque, je suis parti avant l’aube. Inutile de préciser que j’ai eu quelques problème pour sortir de mon hôtel pourri. L’objectif était avant tout de pouvoir admirer le lever du soleil sur les montagnes enneigées. Pas de chance, au moment crucial, il y a une immense colline qui bouche la vue… Grosse frustration.
Très vite, l’asphalte va disparaitre pour être remplacer par une mauvaise piste qui monte sans arrêts (J’ai déjà l’impression d’avoir utiliser cette phrase plus d’une fois :-). Heureusement, en cours de route, il y a quelques curiosités pour se changer les idées. Comme la Pampa El Leoncito. Un lac asséché à la surface dure et parfaitement plate. Un site de rêve pour les amateurs de chars à voile… en été car aujourd’hui, c’est désert. Ce qui rend l’endroit encore plus impressionnant.
La suite de la montée sera facilitée par les restes d’une ancienne route pleine de trous. En pratique, les rares voitures roulent dans le sable à gauche et à droite de la route, pour éviter les trous. J’ai donc tout le macadam pour moi tout seul. Un vrai boulevard.
Arrivé au sommet, il y a enfin trois tournants pour contourner une zone marécageuses (en été, car en hiver, il ne pleut pas). Ensuite, c’est la descente, une fois de plus en ligne droite. En fait de descente, c’est plutôt un « vrai » plat, une fois de plus interminable. Après 8 heures de vélo (sans compter les arrêts) je n’avais fait que 90 km. Et la vraie descente qui n’arrive jamais. Pour la première fois, j’ai presque péter les plombs.
Quand enfin la piste s’est mise à descendre, il y avait des travaux. Une fois de plus impossible d’avancer convenablement.
Bref, une journée assez contrastée. D’un coté un route un peu chiante à vélo, d’un autre des paysages sublimes. C’est ici qu’a été tourné le film « 7 ans au Tibet ». Il parait que les paysages se ressemblent.
A Upsallata, je ne sais pas pourquoi, mais je m’attendais à trouver une petite ville paumée. La dernière avant la frontière du Chili. En fait, il s’agit plus d’une sorte de station de sports d’hiver avec ses bars et ses hôtels. Hôtels qui sont tous complets car c’est samedi. La seule chambre disponible est proposée a un prix exorbitant (du moins pour la région). Comme mon budget logement a été, jusqu’à présent, bien moins élevé que prévu, je n’ai pas trop discuté. Je ne n’avais qu’une idée en tête. Terminer cette journée au plus vite.
JOUR 25
Upsallata – Mendoza
Aujourd’hui, le programme est simple. Upsallata est situé à 2000 mètres d’altitude et Mendoza à 800 mètres. Le calcul est vite fait, la route va descendre…. Et bien, non! Je suis quand même au cœur des Andes et ce n’est jamais aussi simple.
Pour rejoindre Mendoza, j’ai le choix entre deux routes. La route nationale 7 ou une petite route de montagne qui passe par Villavicencio.
Villavicencio est la source de l’eau minérale la plus vendue en Argentine. La route qui passe par là a été construite par l’armée de libération du Chili et du Pérou. Donc encore à l’époque des espagnols.
Inutile de préciser que j’ai choisi cet itinéraire. Je n’avais juste pas bien compris qu’avant de descendre en direction de Mendoza, il y avait encore un « petit » col à plus de 3000 mètres d’altitude. Le début de la montée sera un peu difficile car la copie conforme de la route du jour précédent. Heureusement, après quelques (beaucoup de) kilomètres, elle se met enfin à serpenter entre des collines. Dès la fin des lignes droites, rouler à vélo redevient très amusant, malgré la montée, le sable, les cailloux.
Au détour d’un tournant un petit panneau annonce que Darwin a trouvé ici même un de ses échantillons pour déterminer sa théorie de l’évolution. Cela fait rêver.
Quand j’arrive au sommet, le lieu est désert. La vue sur les montagnes est fantastique. L’une d’elle doit être l’Aconcagua. Une fois de plus, cela fait rêver.
Et la descente alors. Elle fait plus que rêver car c’est la réalité. C’est sans doute la route la plus incroyable que j’ai eu l’occasion de faire à vélo. Des lacets à ne plus savoir les compter, des vues impressionnantes, des a-pics vertigineux, des zones enneigées… En un mot : dingue!.
Le seul bémol, c’est dimanche et c’est l’endroit idéal pour aller promener son 4X4. Il y a donc pas mal de circulation. Bon, il faut une fois de plus relativiser car sur les 3 jours précédents j’ai du voir un maximum de 10 voitures. Donc une douzaine d’un coup, c’est presque déstabilisant.
En bas de la côte, à Villavicencio. Il y a vraiment beaucoup de monde. Un immense parking remplis de gens affairé autour de leur barbecue respectif. C’est assez drôle de voir la hiérarchie. Au début, ce sont uniquement des grosses voitures et des gens manifestement aisés. Au fur et à mesure que la route s’éloigne de la montagne (en ligne droite mais c’est inutile de le préciser car maintenant la géographie de l’Argentine n’a plus de secrets pour vous) plus le niveau de vie des « babecuteurs » va diminuer et cela sur une distance d’au moins une dizaine de kilomètres.
Mendoza est une sorte de métropole. J’étais déjà en ville depuis longtemps quand j’ai vu enfin apparaitre le panneau « MENDOZA » annonçant la fin de mon voyage.
Je n’ai pas eu trop de difficulté à trouver un hôtel qui accepte de prendre mon vélo. Il était situé juste derrière un grand magasin « Carrefour ». Je n’ai pas peu m’empêcher d’aller acheter un maximum de trucs au rayon frais pour être sur de ne pas avoir faim pendant la nuit. Quand le voyage se termine, la déconcentration fait que la faim et la fatigue sont beaucoup plus difficile a supporter. Évidemment, le rayon frais n’était pas si frais que cela et j’ai été malade toute la nuit.
JOUR 26
Mendoza
J’ai eu la journée pour visiter la ville. Rien de bien extraordinaire. Sans doute qu’en été, avec la chaleur et l’humidité, l’ambiance est différente mais ce que j’ai vu ne m’a par vraiment impressionné. J’étais sans doute encore un peu malade.
En fin de journée, je me suis rendu à la gare routière pour prendre le bus à destination de Buenos Aires. C’est en l’attendant que je me suis fait voler mes photos.
Normalement, je mets tous mes bagages dans un grand sac. Comme cela, je n’ai que deux sacs à surveillé, celui avec le vélo et celui avec les bagages. Ils pèsent tous les deux près de 18 kg ce qui fait déjà office d’antivol. Pour m’occuper pendant le long trajet en autocar, j’avais préparé une de mes sacoche avant avec les photos, mon carnet de notes et quelques autres bricoles. C’est ce sac là qui a disparu. Comme quoi lors de ce type de voyage, il ne faut pas changer ses habitudes au dernier moment et rester vigilant jusqu’au bout.